Description :
Indiscutablement favorisée par le Roi qui la préférait à tout autre, la place de Dunkerque a largement bénéficié de sa position géostratégique. Les Colbert, Louvois et Le Peletier soutinrent de leur mieux les projets de Vauban chargé des fortifications de la place en 1668 et des travaux du port et de l'arsenal dix ans après. Le 17 juillet 1678, le devis initial de Vauban, évalué à trois millions de livres, donna le coup d'envoi des travaux du port et de l'arsenal. De 1662 à 1705, les fonds accordés par le Roi pour la fortification, le port et l'arsenal s'élevèrent à plus de onze millions de livres, c'est à dire beaucoup plus que pour Toulon, Rochefort ou Brest. Pour le Roi, comme pour Vauban, la place de Dunkerque était irremplaçable et quasiment imprenable, sa rade étant, avec celle de Brest, la seule que l'on pût défendre. Vauban n'écrivait-il pas:"Plus je considère l'utilité du port de Dunkerque, plus je pense qu'il n'y a pas de place maritime en France qu'on puisse lui comparer." A la mort de Vauban, le 30 mars 1707, les travaux étaient loin d'être terminés. Pour Bélidor, Dunkerque a bien été "le chef-d'oeuvre de Vauban".
Jean Peter vient ici d'illustrer l'admirable livre de notre regrettée collègue Anne Blanchard. Il nous dévoile le véritable chef d'orchestre que Vauban est devenu au fil des décennies, multiple, ouvert plus que je ne le pensais, de grande compréhension, religieux comme on pouvait l'être au XVIIème siècle et pourtant esprit parfaitement, j'allais dire, totalement rationnel. Avec, naturellement, ses propres contradictions, ses propres limites. Dunkerque l'a profondément marqué, peut-être bien plus que Brest ou Toulon.