Au sommaire de ce numéro ! de la revue Napoléon :
- Tableau chronologique,
- La censure impériale,
- Napoléon, souverain maître du jeu européen ? De Tilsit à Dresde (1807-1812),
- La disette de 1811 et 1812,
- Le maréchal Augereau et ses deux épouses,
- La doctrine du carré,
- La mort du grand-maréchal Duroc,
- Erckmann-Chatrian et le conscrit de 1813,
- la bataille de Lützen,
- Le service pourpre impérial, un outil de propagande au service de l'Empire,
- le Napoléon malgache, Radama Ier,
- les chansons et la légende napoléonienne.
Etonnant, ce printemps 1813 ! Parce qu'il faut faire oublier le désastre de l'hiver et reprendre la main face à la coalition qui s'amorce, l'Empereur est sur tous les fronts. Il n'était pas encore arrivé à Fontainebleau que son activité était déjà remarquable. Depuis, notre éphéméride en témoigne, c'est en chef suprême qu'il prend les choses en mains, ne laissant rien au hasard et entrant dans tous les détails, même les plus infimes. Pourtant, la situation est beaucoup plus difficile que ne le laissent croire les communiqués officiels. C'est dans une France qui sort avec peine d'une crise économique et financière sévère, pas tout à fait relevée de deux années d'une profonde disette (page 26), muselée par une censure totale (page 16), menacée de toute part par les nations coalisées qui ont juré sa perte, que Napoléon tente de relever son armée. Le plus incroyable, dans ce climat d'adversité, c'est qu'il parvient à ses fins. Magnifiquement racontée par Emile Erckmann et Alexandre Chatrian, l'épopée des conscrits de 1813 (page 44) est extraordinaire. La bataille de Lützen, impressionnante victoire tactique (page 50), illustre parfaitement cette réussite. Elle doit beaucoup à la prévoyance de l'Empereur qui a su puiser dans ses meilleures troupes pour assurer l'encadrement des jeunes soldats -- quitte à dégarnir le front ibérique -- et veiller à la qualité de leur formation. Il exige que ces troupes maîtrisent parfaitement la constitution du carré, indispensable pour "se mettre à l'abri des charges de cavalerie" (page 35). Mais, si les jeunes soldats font preuve de vaillance, les généraux sont mis à rude épreuve, comme en témoignent la mort du duc de Frioul, le fameux Duroc (page 39), celle du maréchal Bessières dans le camp français, mais aussi celle du général prussien Scharnhost qui ne verra donc pas le résultat de sa brillante stratégie de reconquête. Bien sûr, la guerre comporte des risques et les compensations sont importantes pour les compagnons de Napoléon (page 30). Ainsi, le maître du jeu européen (page 21) tient-il encore la dragée haute face aux nations coalisées, mais pour combien de temps ? Le prestige français reste intact (par 66) et, au-delà des mers, suscite des émules (page 72). Mais sera-t-il possible de faire face à toute l'Europe ? Napoléon sait-il que les mois lui sont désormais comptés ? S'il croit encore en son destin et s'il peut toujours espérer en son génie militaire pour rééditer l'exploit de Lützen, il a aussi face à lui des troupes qui se sont aguerries dans les rangs de la Grande Armée ou en la combattant et, surtout, de mieux en mieux commandées.