Cela fait un an que Napoléon a abdiqué ; pourtant, l'actualité napoléonienne reste intense en ce trimestre. Un peu partout en France, des mouvements d'humeur, allant jusqu'à l'insurrection vite réprimée (voir notre éphéméride, page 4), témoignent du mécontentement général. La chasse aux anciens dignitaires de l'Empire n'est pas terminée, pas plus que ne s'arrêtent les exécutions de généraux impliqués dans la période des Cent-Jours. La révolte des demi-solde gronde et il va bien falloir songer à canaliser hors de France ce trop-plein d'énergie (voir page 14). On retrouvera des anciens de la Grande Armée sur tous les continents : ils sont présents aux côtés de Simon Bolivar lors des guerres d'indépendance des anciennes possessions espagnoles en Amérique latine (voir page 66).
Dans l'hémisphère sud, les relations entre Napoléonn et le nouveau gouverneur de Saint-Hélène sont, elles aussi, très tendues. Il faut dire que Hudson Lowe est tellement imprégné de sa mission qu'il outrepasse carrément les ordres qu'il a reçus (voir page 22). Cinq ans plus tard, lorsque Napoléon mourra à même pas 52 ans, les polémiques enfleront très vite. Mort naturelle ou empoisonnement, le débat n'est pas clos. Mais, dans le second cas, le vecteur est clairement identifié : l'Empereur, pourtant peu porté sur la boisson, aurait payé de sa vie le privilège de consommer du vin de Constance (voir page 28).
Alors que de nouveaux pays rejoignent la Sainte-Alliance, un poème de Max von Schenkendorf en devient peu à peu une sorte d'hymne pour toute une génération d'Allemands (voir page 61). C'est aussi en 1816 qu'ont lieu les expérimentations qui permettront de définir le bon dosage de la morphine, un médicament qui aurait bien été utile aux blessés des guerres de l'Empire (voir page 56). Et puis, dans ce XIXe siècle naissant, s'échafaudent les principes utopistes de Charles Fourier qui feront bientôt le tour de la planète. Pour les comprendre, il faut revenir sur le Lyon de la Révolution et sur la terrible répression de Fouché (voir page 76).
Sans doute, l'année 1816 est-elle déjà marquée par la nostalgie qui montera bien vite après 1821. Pour la Revue Napoléon, c'est l'occasion d'amorcer un virage en jetant un regard sur l'actualité passée. Dans ce numéro, nous revenons sur le héros de Trafalgar pour en tracer un portrait moins conventionnel. Amoureux irrationnel de la belle lady Hamilton, Nelson se révèle bien peu conséquent quand il n'est pas sur le pont de ses vaisseaux (voir page 42). Enfin, la dernière chevauchée du général Exelmans à Rocquencourt, bref sursaut de la Grande Armée alors même que l'Empereur avait déjà abdiqué, méritait bien ce retour en arrière (voir page 34).