Le 16 octobre 1815, Napoléon débarque à Sainte-Hélène où il terminera sa vie (voir notre éphéméride page 4). Pendant ce temps, en Europe, les armes se sont tues mais les esprits sont loin d'être calmés. Car la bataille de Waterloo est encore dans toutes les bouches. Récits épiques pour ceux qui évoquent avec dignité les combattants frappés dans leur chair (voir page 32). Victoire formidable, inespérée et oh combien mystérieuse pour ceux qui n'osent pas réellement en revendiquer la paternité (voir page 14) ; amère défaite mais amorce d'une sombre légende pour les autres. Rarement, une bataille sera à l'origine d'autant de justifications, de polémiques, d'analyses mais aussi de vibrants romans (voir page 24).
Implacable privilège des vainqueurs, les armées alliées occupent une bonne partie du royaume. S'ils font parfois assaut d'amabilités et de séduction, leurs réquisitions, leurs besoins et leurs exigences pèsent lourd sur une France déjà ruinée (voir page 38). En Alsace, les Allemands se montrent sous leur plus mauvais jour. Sans doute ont-ils mal vécu les succès du Ve corps du général Rapp, notamment leur défaite lors de la bataille de la Souffel, dix jours après Waterloo (voir page 46). Sans doute ont-ils besoin de justifier la répression injuste et sanglante qui suivit. Mais, plus encore, ne considèrent-ils pas l'Alsace comme une terre allemande et ne voudraient-ils pas en revendiquer la propriété ? Le comportement des Alsaciens, trop fidèles à Napoléon, ne peut donc leur plaire.
Durant cette même occupation, les esprits s'échauffent parfois. On prête ainsi à Robert Surcouf un duel au cours duquel il aurait taillé en pièces onze Prussiens. Réalité ou légende (voir page 52) ?
Ce qui est sûr, c'est que, échaudés par les deux campagnes de France, les alliés cherchent le moyen d'empêcher l'émergence d'un nouveau Napoléon, d'une nouvelle révolution. C'est l'objectif de la Sainte-Alliance conclue le 26 septembre 1815 et qui poursuivra ses effets jusqu'à la mort d'Alexandre Ier en 1825. Pendant cette décennie, les alliés seront vigilants et interviendront préventivement chaque fois que ce sera nécessaire (voir page 60). 1815, c'est aussi l'acte de réunion de Genève à la Suisse et l'émergence de la Suisse neutre (voir page 76).
Ce numéro de la Revue Napoléon est aussi l'occasion de rendre hommage à une très belle exposition organisée au château de Fontainebleau sur les relations entre le pape et l'Empereur (voir page 66). Et puis, pour terminer sur une note artistique en lien direct avec Waterloo, voici l'histoire du sceau de Cambronne, une somptueuse pièce d'orfèvrerie parvenue jusqu'à nous dans des conditions étonnantes (voir page 56).