Description :
Aborder les thèmes relatifs à la personne de Napoléon, c'est évoquer son parcours exceptionnel, ses prouesses militaires, ses qualités de chef, son sens de l'organisation ou encore les acquis d'une période riche en rebondissements. Ses détracteurs ajoutent aussitôt les millions de victimes des guerres de la Révolution et de l'Empire, la recomposition de l'Europe politique et le coût exorbitant des conquêtes à répétition, sans oublier le désastre final et les désordres qui suivirent. Dans ce hors-série de la Revue Napoléon, nous évoquons l'un des aspects les plus sombres de ces années : les assassinats politiques.
Soyons précis d'emblée, Napoléon ne les multiplie pas comme l'avaient fait avant lui les monarques de l'Ancien Régime ou les meneurs de la Révolution. Pourtant, quoique plus modeste par le nombre des exécutions, le passif reste lourd car les effets considérables de ces destins tragiques ont douloureusement marqué l'Empire et son bilan, portant une tache indélébile sur la personne de l'Empereur. Le plus emblématique de ces destins brisés est évidemment celui du duc d'Enghien et son assassinat odieux dans les fossés de Vincennes (voir page 27). Cet épisode, sans doute parce qu'il n'avait pas de réelle justification, a pesé aussi lourdement sur les relations de l'Empereur avec les monarques européens que, pour d'autres, le régicide dont lui au moins n'avait pas été complice.
Mais, tout au long de ces années glorieuses, il faut évoquer bien d'autres destins. Les victimes du jeune général révolutionnaire sur le parvis de l'église Saint-Roch (voir page 11) ou les exécutions de soldats pestiférés à Jaffa (voir page 14) ont forgé sa réputation de dureté. Comme sans doute sa fermeté à l'égard d'un Pichegru à l'attitude pour le moins équivoque (voir page 33) ou son absence de pitié pour les meneurs royalistes comme Louis de Frotté (voir page 17), Noël Prigent (voir page 53), Armand de Chateaubriand (voir page 59) ou encore Charles Antoine de Widranges et Jacques de Gouault (voir page 81), à plus forte raison lorsqu'ils s'avèrent complices de complots contre sa personne, qu'il s'agisse de la conspiration des poignards (voir page 23) ou des menées de Georges Cadoudal (voir page 38). A la faveur des changements de régime, certains toutefois, comme Charles-François de Riffardeau de Rivière (voir page 44) ou Louis de Gobineau (voir page 79), ont de la chance.
En territoire conquis, la sévérité est encore plus de mise, quitte à faire de ses victimes des martyrs. A Madrid, la terrible répression du 3 mai 1808 (voir page 50) a enflammé l'Espagne. Andreas Hofer au Tyrol (voir page 68), Johann Philipp Palm à Nuremberg (voir page 48), Friedrich Staps à Vienne (voir page 65), Ferdinand von Schill dans le nord de l'Allemagne (voir page 61) sont devenus des icônes de la lutte contre l'impérialisme français. C'est en leur nom que les alliés exigeront l'abdication de Napoléon.