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Il fut un temps où le courage et la force suffisaient à imposer la loi. Nos ancêtres les Gaulois ont peu à peu agrandi leurs territoires sur ces seules bases. C'est ainsi qu'ils ont pris et rançonné Rome en 390 avant J.-C., puis qu'ils ont colonisé la plaine du Pô en chassant les Etrusques. Mais les Romains, gagnant en puissance et forts de leur cohésion, ne pouvaient laisser faire. A Telamon, en 225 avant J.-C., les légions romaines écrasent l'armée gauloise. En aurait-il été de même si une partie des Gaulois, désireux de montrer leur courage, n'avaient pas combattu nus, sans protection contre les javelots ennemis ? Quoi qu'il en soit, cette bataille consacre l'hégémonie romaine dans la péninsule.
Parmi les Romains, une troupe d'élite a donné son nom à notre revue : les prétoriens. Au départ gardiens du prétoire, quartiers du commandant de la légion, ces soldats romains ont un parcours exceptionnel qui s'arrête toutefois brutalement en 193 de notre ère lorsqu'une partie d'entre eux assassine l'empereur Pertinax parce qu'ils n'avaient reçu que la moitié de leur paye. Bizarrement, les représentations de ces soldats d'élite montrent que l'uniforme et l'équipement romains sont plus disparates qu'on ne l'imaginait.
En 21 de notre ère, d'autres raisons financières expliquent la double révolte de deux préfets romains : Florus et Sacrovir. Essayant de soulever l'ensemble de la Gaule opprimée par une fiscalité excessive, ces deux officiers n'hésitent pas à affronter les légions romaines. Evidemment, ils n'avaient aucune chance et leurs troupes seront écrasées, et la rébellion sévèrement réprimée. Eux-mêmes préféreront le suicide au sort que leur réservait Rome. Car, à l'époque, pour montrer sa force, on n'hésitait pas à faire des exemples frappants. Ainsi, en 51 avant J.-C., César fit-il couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes contre les Romains lors du siège d'Uxellodunum.
Ces pratiques ont malheureusement perduré au-delà de l'Antiquité. Lors de la prise d'Antioche en 1098, le comportement des croisés est particulièrement ignoble, allant jusqu'à faire rôtir des prisonniers turcs devant les assiégés affamés. Dans un contexte de rivalités entre armées occidentales, aussi désunies que naguère les armées gauloises, la conquête de Jérusalem justifie-t-elle tous les excès ? Dans une France exsangue au lendemain de la guerre de Cent Ans, le dauphin de France, futur Louis XI, furieux que les Autrichiens ne respectent pas leurs promesses après sa victoire contre les cantons confédérés à Saint-Jacques-sur-la Birse, met à sac l'Alsace, alors terre impériale. Là encore, la force est utilisée comme moyen de pression. Qu'est-il resté du courage inutile des Gaulois de Telamon ?
Avec ces articles et toutes nos rubriques habituelles, ce numéro de Prétorien vous offre une fois de plus un panorama varié sur la période qui nous passionne. Merci pour votre fidélité et très bonne lecture.