Parfois, il est bon de rappeler l'évidence : la puissance militaire d'une nation repose bien souvent sur de stricts critères démographiques. Ainsi, les succès des phalanges spartiates ont duré aussi longtemps que la cité pouvait aligner des forces suffisantes pour affronter ses ennemis. Tentant de contrer l'affaiblissement progressif grâce à des réformes efficaces, Cléomène III multiplie d'abord les succès mais les rapports de force ne peuvent être en sa faveur et, grâce à l'avantage du nombre, les phalanges macédoniennes (notre couverture) finissent par remporter la bataille de Sellasie qui consacre la fin des rois de Sparte. Près de 1 500 ans plus tard, la même règle vaut pour les croisades. Comment les nations européennes auraient-elles pu conserver, aussi loin de leurs bases, le royaume de Jérusalem créé au prix d'énormes efforts en 1099 ? La longue série de succès et d'échecs, dont Saint Louis lui-même fera les frais après la conquête de Damiette, aux portes de l'Egypte, en témoigne et, finalement, les croisés n'auront d'autre choix que d'abandonner les terres si chèrement conquises. Parfois, à l'échelle d'une bataille, l'histoire contredit pour un temps la domination démographique. C'est le cas, en 1315, lorsque les paysans suisses, parfaitement à l'aise dans leurs montagnes, infligent un incroyable revers à la puissante armée des Habsbourg, davantage taillée pour les combats de front dans des plaines propices. Mais la géopolitique retrouve tous ses droits lorsqu'une nation combat pour préserver ses équilibres. Ainsi, Ramsès III et sa puissante armée ne pouvaient que triompher des peuples de la mer qui, poussés par la faim, étaient partis à l'assaut de l'Egypte. Vous retrouverez tous ces sujets, et bien d'autres encore, dans ce numéro de Prétorien que nous vous invitons à savourer sans modération.