André Malraux n'était pas alsacien comme on l'est sur sa fiche d'état civil. Mais sa vie et ses engagements prouvèrent qu'on est aussi et peut-être surtout du pays qu'on s'est choisi secrètement, par le cœur, l'imagination, la raison; et l'Alsace, pour Malraux, fut une patrie de la fraternité, présente dans son imaginaire dès son adolescence, présente, ô combien, dans les guerres et les crises de l'Histoire, dans les combats et les amours, avec les hommes et les femmes qui l'habitent et les artistes qui l'ont faite aussi riche.
C'est, en effet, plus que son engagement dans la Seconde Guerre mondiale, avec la brigade Alsace-Lorraine, la libération de Strasbourg et sa cathédrale reprise aux nazis, qui est rappelé ici. C'est aussi son dernier roman, Les Noyers de l'Altenhiirg, écrit en 1941 et où apparaît pour la première fois Vincent Berger ; des amitiés, un mariage, des rencontres qui doivent plus qu'au hasard. Enfin, c'est le sens universel du retable de Matthias Grunewald, à Colmar.
Ces affinités électives, cet attachement fidèle jusqu'aux derniers jours de la vie d'André Malraux, éclairèrent une région de France qui s'est sentie comprise, aimée, choisie. Elles ne furent pas à sens unique : l'Alsace, elle aussi, fit et fait aujourd'hui le choix de Malraux.
Robert Grossmann rencontra Malraux à plusieurs reprises, en privé, notamment en 1969 et en 1971. En avril 1969, il l'accueillit à Strasbourg à l'occasion des assises de l'Union des jeunes pour le progrès, le mouvement des jeunes gaullistes, où fut prononcé le «discours de Strasbourg».




Robert Grossmann est diplômé d'une maîtrise en droit. Homme politique engagé, il a été, entre autres, le président et fondateur de l'UJP, le mouvement des jeunes gaullistes. Passionné d'art contemporain, de littérature et d'histoire, il a publié plusieurs ouvrages, dont Main basse sur ma langue et La Comtesse de Pourtalès-Une cour française dans l'Alsace impériale aux Éditions La Nuée Bleue.