En cette année de bicentenaire, tous les regards sont logiquement tournés vers l'extraordinaire campagne de Belgique. Pourtant, l'Empire napoléonien ne s'arrête pas aux portes de Bruxelles. Les troupes françaises se sont battues sur tous les continents et sous toutes les latitudes, portant bien haut les couleurs tricolores en dépit de l'insuffisance manifeste de leurs effectifs et de l'éloignement de leurs bases.
Après des années de victoires favorisées par la maîtrise des mers de la "perfide Albion", les Anglais finirent par rendre, en 1815 et 1816, leur souveraineté aux Français qui avaient perdu peu à peu leurs possessions d'Indonésie, des Caraïbes, de la Réunion, de Pondichéry et du Sénégal. En contrepartie, ils profitèrent de leur supériorité de vainqueur pour incorporer dans l'Empire britannique l'Afrique du Sud, les îles Maurice et Rodrigues, les Seychelles et la Malaisie.
L'énumération de ces territoires, enjeux de bien des combats, montre toute l'importance de ces affrontements d'outremer généralement peu connus mais qui ont pourtant permis, à la fois, l'extension de l'Empire colonial britannique et l'effondrement (provisoire) de son homologue français.
Avec la défaite de Napoléon en 1815, le Royaume-Uni a profité, grâce à sa maîtrise des mers et à son empire, d'un siècle de domination sans partage qui lui a permis d'étendre ses possessions dans le monde entier. Il joua, comme les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale, le rôle de "policier du monde" ; c'est la fameuse "Pax Britannica" dans le cadre d'une politique étrangère dite du "splendide isolement" qui suscite encore aujourd'hui bien des controverses.
Juste avant la Grande Guerre, cet empire s'étendait sur 30 millions de kilomètres carrés regroupant quelque 450 millions de personnes. Pourtant, peu à peu, la montée en puissance de l'Allemagne et des Etats-Unis mit fin à ce développement continu ; la Seconde Guerre mondiale et la décolonisation en sonnèrent le glas.
Ce numéro de Gloire & Empire raconte la confrontation entre les deux grandes nations sur les nombreux territoires où la France est présente, durant le premier Empire, en Afrique, en Asie et en Amérique. Partout, avec des moyens très inégaux, souvent très inférieurs, des milliers de soldats et de marins français mal approvisionnés, de très nombreux soldats indigènes et gardes nationaux sous-armés, ont défendu avec acharnement, et dans une lutte presque sans espoir, les territoires dont ils avaient la garde. Cette défaite française aux lourdes conséquences méritait d'être mieux connue.