« Je ne parviens pas à dormir. Environ toutes les cinq minutes. Ou toutes les cinq secondes. Je ne sais plus. Je ferme les yeux et je compte un, deux, trois... Ça y est, il arrive. Un grondement sourd. Il s'amplifie. Il avance. Il s'approche. Mes oreilles vibrent, le sifflement m'envahit tout le corps, me transperce l'œsophage, crisse dans mon estomac. Mon pouls cogne, je le sens dans ma gorge qui brûle... L'impact est net. Sans doute une usine ou une caserne. Le sursis dure encore. Une sirène stridente se déclenche. Et ça recommence. Les détonations se succèdent. Dix, quinze, peut-être vingt ou vingt mille en une heure. J'étouffe. La nuit noie Belgrade, comme une tache noire qui efface les couleurs, les formes, la vie. Je hais la nuit à partir de maintenant. »



Olivier Larizza est né en 1975 à Thionville. Après des études à Strasbourg, où il a été professeur d'anglais pendant un an, il débute une carrière universitaire. Il se spécialise dans la fiction britannique du XIXe siècle ainsi que dans la recherche théorique sur la lecture. Les Nénuphars de Belgrade est son premier roman.