Incontestablement, il existe une « identité alsacienne ». Tangible et forte, elle a été constituée par une riche histoire commune, marquée par une langue régionale bien vivante et façonnée par des paysages et des modes de vie très typés. Mais cette identité est mosaïque, composée d'identités particulières longtemps conflictuelles : entre catholiques, protestants et juifs rien ne fut jamais simple en Alsace ; les guerres et les appartenances nationales successives ont souvent divisé les familles et les communautés ; les vagues d'immigration et d'émigration ont bouleversé un tissu social en perpétuelle recomposition.
Derrière le mythe d'une Alsace lisse et homogène - celle que véhiculent tant de clichés réducteurs - il y a des réalités d'une complexité déroutante pour l'observateur extérieur, mais aussi pour les Alsaciens eux-mêmes...
Pour y voir plus clair, le professeur Marc Lienhard, historien et théologien, a entrepris un travail de synthèse qui croise avec clarté les approches historiques et sociologiques. S'intéressant beaucoup aux questions de religion et de langue, sans rien omettre des autres réalités culturelles de la région, il propose une radioscopie des défis qui se posent aujourd'hui à la société alsacienne, plaidant avec cœur pour une identité ouverte qui saurait trouver une voie originale entre les troubles tentations du repli sur soi et l'abandon résigné dans le tourbillon de la mondialisation. À ce titre, il fait une œuvre aussi utile que raisonnablement optimiste.

Marc Lienhard, né à Colmar en 1935, a été pasteur et théologien. Ancien doyen de la faculté de théologie protestante de Strasbourg, il a exercé, de 1997 à 2003, les fonctions de président de l'Église de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine, de président du Chapitre Saint-Thomas et de président de la Conférence des Églises riveraines du Rhin. Il s'est beaucoup investi dans le dialogue œcuménique et interreligieux en Alsace et dans l'espace rhénan.