Avec ce nouveau numéro spécial, Traditions explore des territoires peu connus sur lesquels la littérature et les archives sont particulièrement silencieuses (voir page 13). On doit ce formidable travail à Riccardo Papi, infatigable chercheur en uniformologie et auteur de l'admirable Eugène et Adam : le prince et le peintre, un livre de référence incontournable pour toutes les bonnes bibliothèques napoléoniennes. Mais aussi à l'équipe réunie autour de Ronald Pawly, rédacteur en chef de ce très riche numéro : Jérôme Croyet, Pierre-Baptiste Guillemot, Benoît Lorenzini, Jean-Jacques Prévost et Eckhard M. Theewen.
La garde d'honneur du royaume d'Italie est une unité d'élite créée par Napoléon lorsqu'il devint roi d'Italie après son couronnement en 1805 (voir page 12) pour assurer la garde rapprochée du vice-roi, Eugène de Beauharnais, fils adoptif de l'Empereur. Au cours de sa courte existence, cette unité au destin particulier n'a participé qu'à deux grandes campagnes (voir page 38), celle de 1809 qui leur a permis de s'aguerrir et, surtout, celle de 1812, y compris son prolongement jusqu'à la bataille de Lützen en mai 1813, après laquelle les gardes d'honneur sont rappelés en Italie. Comme bien d'autres unités, les gardes d'honneur ont payé un lourd tribut en Russie ; leur comportement exemplaire leur a valu de nombreuses décorations (voir page 45).
Notre dossier explore évidemment toutes les étapes de ce parcours. Il détaille les conditions de la création de cette unité (voir pages 12 et 20), son rôle, son fonctionnement, ses effectifs (voir page 22), sa composition élitiste, les officiers qui la dirigeaient (voir pages 24 et 25, ainsi que, page 43, les biographies des commandants des compagnies) et les corps dont elle constitua en quelque sorte le modèle - comme les éphémères gendarmes d'ordonnance (voir page 20 et, pour plus de détails, l'article qui leur a été consacré dans le numéro 4 de Traditions). La vie en campagne est décrite avec précision grâce au précieux témoignage d'un garde d'honneur qui a rédigé par la suite des mémoires très riches en informations de première main (voir page 50).
Une large partie de ce dossier est consacrée aux uniformes des gardes d'honneur italiens (voir page 62). Grâce à des recherches aussi exhaustives que possible et une analyse critique des rares sources existantes, les deux générations successives d'uniformes sont décrites avec toute la précision envisageable. L'examen des précieuses reliques conservées dans les musées conforte cette analyse : casques caractéristiques (voir page 87), très riche habit de grande tenue (voir page 90), habit plus modeste de petite tenue (voir page 92), aigles et étendards (voir page 95).
Nous espérons que vous aurez plaisir à découvrir ce travail particulièrement exigeant qui constituera pendant longtemps, nous en sommes persuadés, la publication de référence sur ce corps d'élite au destin si particulier. Pour la première fois dans leur histoire, les familles les plus aisées du royaume d'Italie équipaient à leurs frais leurs enfants pour leur permettre de rejoindre une unité d'élite chargée de la protection de leur roi et, dans les faits, du vice-roi. Cette aventure méritait d'être contée...