Dans l'abondante littérature consacrée au premier Empire, peu d'ouvrages ont autant d'importance. Outre ses fonctions qui lui permettent de partager l'intimité de l'Empereur, cela tient en partie à la personnalité du général Armand de Caulaincourt, duc de Vicence, grand écuyer de Napoléon, ambassadeur en Russie et ministre des Affaires étrangères pendant les heures les plus sombres de l'Empire. Un caractère bien trempé, marqué par la probité et la fidélité -- "un homme de coeur et de droiture", dira Napoléon lui-même ; "un honnête homme", selon Alexandre Ier --, qui lui joua bien des tours. Pourtant, sa position dans l'entourage immédiat de l'Empereur et sa compréhension globale des questions de l'époque donnent à ses souvenirs une importance capitale. Ses conversations très détaillées avec l'Empereur, souvent acerbes, notées sur le vif et relatées avec une extrême minutie, permettent de mieux comprendre le premier Empire. Dans le traîneau qui ramène les deux hommes de la lointaine Russie ou dans les salons privés de Fontainebleau, Napoléon s'explique, se justifie et argumente les fondements de sa politique face à un interlocuteur qui ne s'en laisse pas facilement conter. Ces échanges instructifs et savoureux donnent les clés de cette période hors du commun et apportent un éclairage plus personnel sur l'Empereur. Aussi, ces deux volumes (de 876 et 474 pages) constituent-ils l'un des indispensables piliers de toute bibliothèque napoléonienne.